La Charente-Maritime sous les eaux
Tempêtes, pluies incessantes, la météo des dernières semaines a malmené le département. Inondés, les éleveurs s’inquiètent pour les fourrages, les cultivateurs n’ont pu réaliser les semis.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Deux tempêtes et un mois de pluies incessantes, la Charente-Maritime a vu les éléments se déchaîner contre elles. Les tempêtes ont abattu des arbres, arraché quelques bardages, coupé l’électricité. Mais ce n’était rien finalement au regard du déluge qui s’est abattu sur le département. Le mois d’octobre a enregistré un record de pluviométrie, avec des précipitations au moins deux fois supérieures à la moyenne, 150 à 240 mm selon les zones contre 80 à 90 mm en temps normal.
Des milliers d'hectares submergés
Les nappes phréatiques se sont très vite remplies et les sols gorgés d’eau ont atteint la limite de leurs capacités d’absorption. L’eau déborde des rivières et cours d’eau, recouvrant des milliers d’hectares et transformant certains élevages en îlots perdus au milieu des marais. Même en stabulation, des vaches se sont retrouvées les sabots dans l’eau, avec les risques sanitaires, bactériologiques ou parasitaires, qui en découlent. Quant à celles qui étaient encore au pâturage, il a fallu les rentrer au plus vite. Et entamer les stocks d’hiver pour les nourrir.
Quelques élevages coupés du monde sont restés plusieurs jours inaccessibles aux camions des laiteries, et ont dû jeter le lait non collecté. Les systèmes de mutualisation des coopératives laitières devraient permettre de compenser ces pertes. Plus inquiétantes sont les perspectives. Les prairies restent sous l’eau, ce qui laisse présager d’une mauvaise repousse de l’herbe au printemps, des rendements fourragers et une valeur alimentaire moindre, et la probable perte des légumineuses. Certaines ont même reçu de l’eau salée, la mer étant passée par-dessus des digues. La reprise y sera encore plus difficile.
Mauvais entretien des fossés
Du côté des grandes cultures, la situation n’est guère meilleure. « Seulement 15 à 20 % des surfaces avaient pu être semées au début d'octobre », indique Cédric Tranquard, président de la chambre d’agriculture. Ces premiers semis font souvent grise mine, avec un blé pâle et peu vivace. « Et que vont donner les cultures que nous allons semer plus tard ? », ajoute-t-il. Reste l’alternative de basculer sur des cultures de printemps, ce qui oblige à modifier les rotations et risque d’entraîner des incohérences dans les déclarations Pac.
Dans l’immédiat, les alertes aux crues continuent de se succéder, et nul ne sait quand il sera enfin possible d’entrer à nouveau dans les parcelles. L’écoulement de l’eau vers la mer est freiné par le mauvais entretien des fossés et canaux et des digues effondrées qui font barrage. Lassé et en colère, Cédric Tranquard précise : « Il y a des digues dont la réfection avait été autorisée par l’État et dont les travaux ont été bloqués par des recours des associations de tout poil. »
Pour accéder à l'ensembles nos offres :